La presse en a largement fait l’écho : 2025 est une année particulière pour les Catholiques, puisqu’il s’agit d’une « année jubilaire ». Tous les 25 ans l’Église proclame une « année sainte » pour célébrer avec davantage de ferveur les retombées de la Naissance du Christ, Dieu en tant qu’homme. L’objectif est de stimuler l’expérience personnelle de l’amour de Dieu, qui suscite dans le cœur l’espérance certaine du salut dans le Christ.
Une très ancienne coutume revisitée
Ces années jubilaires, dont l’origine se trouve dans la Bible hébraïque, existent depuis les premiers temps du christianisme. La coutume a été réinitialisée en l’an 1300, lors du fort courant de spiritualité, de pardon, de fraternité qui se répandait alors dans toute la chrétienté, en opposition aux haines et aux violences qui prédominaient à cette époque.
L’Ancien Testament déjà prévoyait une année particulière tous les 50 ans, incluant la restitution des terres à leurs anciens propriétaires, la rémission des dettes, la libération des esclaves, et le repos de la terre (Lévitique 25). Comme le sabbat, l’année jubilaire célèbre la libération de l’esclavage : « Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte et que le Seigneur ton Dieu t’en a fait sortir par sa main forte et son bras puissant » (Deutéronome 5).
Ce rituel « jubilaire » faisait donc partie des nombreux mécanismes de restauration de la justice sociale que l’on trouve dans la Bible, soucieuse de mettre en garde à temps et à contretemps contre nos désirs d’appropriation.
Donner un avenir à l’espérance
En 2025, Pape François a repris cet objectif social, notamment en soulignant le rôle pivot de l’espérance. « « Au cours des trois dernières années il n’y a pas eu un seul pays qui n’ait été bouleversé par l’épidémie soudaine du covid qui, en plus d’avoir touché du doigt le drame de la mort dans la solitude, l’incertitude et le caractère provisoire de l’existence, a modifié notre mode de vie… » Conscient de ces souffrances, le pape rappelle que retrouver la confiance et l’espérance ne pourra se faire que si l’on renoue avec « le sens de la fraternité universelle », en « ne fermant pas les yeux sur le drame de la pauvreté croissante et des réfugiés contraints d’abandonner leurs terres ».
Avec beaucoup de finesse le Concile Vatican II a rappelé combien le manque d’espérance peut gravement blesser la dignité humaine. Cette année jubilaire nous rappelle qu’il est effectivement possible de gravement blesser une personne en la privant de son espérance.
Le sens le plus profond du jubilé reste toujours l’expérience du pardon et de la miséricorde de Dieu, et cela va devenir plus important encore face à l’annonce de l’espérance. Lors du jubilé, nous n’avons pas seulement l’espérance de recevoir le pardon de Dieu. L’espérance devient une certitude, une expérience concrète avec laquelle chacun de nous peut toucher de la main la miséricorde de Dieu et son pardon.
Renaître par les pieds…
Le thème choisi pour cette Année Jubilaire, « Pèlerins d’espérance », résonne profondément dans un monde marqué par des crises multiples : pandémies, conflits, injustices sociales et changements climatiques. Le pape François invite les fidèles à entreprendre un voyage spirituel d’espérance, en marchant ensemble avec foi, unité et solidarité.
Ce thème souligne que chaque chrétien est en chemin, appelé à témoigner de l’Espérance qui vient du Christ ressuscité. Être « pèlerin » implique un mouvement actif vers une transformation personnelle et communautaire. Le succès incroyable des pèlerinages à Saint Jacques de Compostelle le confirme. L’Espérance, quant à elle, devient un ancrage dans la foi et un moteur pour surmonter les épreuves du quotidien.
Le pèlerinage est bien sûr un des signes les plus marquants de l’expérience jubilaire. Il symbolise la vie de chacun d’entre nous. C’est le chemin pour découvrir de nouveau l’importance de la foi dans notre vie. Car le monde entier vit aujourd’hui encerclé dans une nouvelle culture, qui nous parle de technologies et d’intelligence artificielle… Il y a tant de lieux et de moments où nous pouvons, chacun selon nos propres capacités, être des pèlerins d’espérance.
Passer la porte…
Ce jubilé ne se vit pas seulement à Rome. Les diocèses du monde entier ont désigné des église jubilaires locales, appelées « Places d’Espérance ». 9 églises de notre archidiocèse, en tant que lieux d’espérance, accueilleront les pèlerins et accorderont une attention particulière au sacrement de la réconciliation et de permanences d’écoute-prière. Près de chez nous, il y a la Collégiale de Nivelles ou la Basilique de Basse-Wavre.
Franchir une « Porte Sainte » prend une signification particulière. En passant ce seuil, le pèlerin choisit librement d’aller à la rencontre de Dieu, se souvenant du texte du chapitre 10 de l’Évangile selon Jean : « Je suis la porte : celui qui entre à travers moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira et trouvera le pâturage. » Le geste exprime alors la décision de suivre et de se laisser guider par Jésus, qui est le Bon Pasteur. Il s’agit aussi d’un passage qui introduit à l’intérieur d’une église, lieu de la rencontre et du dialogue, de la réconciliation et de la paix, mais aussi signe de la communion qui lie chaque croyant au Christ.
Le dimanche après-midi du 23 mars 2025, nous nous rassemblerons dans la basilique nationale de Koekelberg, venant de tous les coins de l’archidiocèse, pour célébrer l’Année Sainte de manière particulière.