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Qu’est-ce que la Bible ?  Dieu parle-t-il vraiment ?  Comment mieux comprendre ce qu’Il dit ?  Quelle traduction choisir… Que de questions… Voici quelques pistes de réponse :

Dieu parle…

L’expression « Parole de Dieu » est tellement courante chez les judéo-chrétiens, qu’elle est très, trop souvent banalisée. On est comme habitué !  Mais est-ce si évident d’avoir un Dieu qui parle ?

Nous ne savons pas d’avance qui est Dieu, sous peine de manquer sa véritable « personnalité » communiquée par « révélation » précisément, et non par déduction.  Or le lieu de cette révélation, la Bible, est essentiellement le tracé d’une expérience de Dieu (ou de ce qui avait été vécu, conçu comme une expérience de Dieu. Et ce qu’on découvre dans la Bible, c’est précisément un premier temps, un lieu natal où se donne ce que les hommes appellent Dieu. Ce don, ce « donné », il faut commencer par l’écouter.  Il faut d’abord écouter Dieu dire qui il est, en se mettant à la recherche du « lieu qu’il aura choisi pour y mettre son Nom » (Dt 12,5).  Dans ce lieu retentit une invitation qui rassemble et fonde à la fois tous les appels particuliers : « ÉCOUTE, Israël !  Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur un ». Pour connaître Dieu, il faut du temps, au propre et au figuré ; pour connaître Dieu, il faut consentir à « cheminer » dans le « lieu choisi ».

Pour connaître le Dieu de la Bible, il faut écouter, car ce Dieu-là parle …  Et un Dieu qui parle est un Dieu que l’on comprend.  Le fait doit nous surprendre, car il est un don et non un dû !  On est loin, ici, du Zeus d’Homère dont il faut déchiffrer l’impénétrable froncement de sourcils.  Notre Dieu ne se présente pas comme un Sphinx au carrefour de Thèbes, sommant Oedipe, à vie ou à mort, de résoudre une charade.  Le rapport voulu est délibérément celui de la clarté : « Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard » (Ps 19,9).  Certes, il arrive que le Seigneur parle en paraboles et ne soit pas immédiatement compris (Mc 4,13 et al.)  Mais le but n’est pas de poser une devinette, avec chance hasardeuse pour qui en trouvera la solution. La par(ab)ole, par son ralentissement herméneutique, invite simplement à séjourner dans son espace pour arriver à comprendre un mystère qui demande qu’on y habite.  Et la joie de Dieu est que nous arrivions à cette connaissance : « Je te bénis, Père, de ce que tu as révélé cela aux petits » (Mt 11,25 ; Lc 10,21), dit Jésus dans son Magnificat.

La parole est un lieu privilégié pour façonner les relations interpersonnelles.  C’est dans ce lieu que le Dieu de la Bible a voulu « planter » sa relation avec nous.  On sait l’omniprésence du thème de la parole dans la tradition judéo-chrétienne pour exprimer le rapport de Dieu au monde   —  « Dieu dit […] et il en fut ainsi » (Gn 1)  —, à l’homme   —  « Samuel ! Samuel !  –  Parle, ton serviteur écoute » (2 Sm 3,10)  —  et à lui-même   —  « Et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1)  —.  Il s’agit sans doute là, dans l’histoire humaine de la perception du mystère de Dieu, d’une des intuitions les plus saisissantes : « Je suis, et je parle avec toi » (Jn 4,26).  Les dieux païens par contre prennent un chemin inverse : réserve, obscurité, impersonnalité, inflexibilité.  L’oracle est une parole définitive, sans échange, sans conversation ; ce n’est pas une parole claire, mais une parole à deviner, la profération d’une énigme. L’univers païen est, au fond, un univers muet ; la connaissance s’y présente comme un défi : tel Prométhée il faut aller la dérober aux dieux.  Il en va tout autrement du Dieu biblique.  Loin du silence ou de la ruse, de la violence ou de la force, ce Dieu-là veut rencontrer l’homme, et ce en toute clarté.

La Révélation de Dieu par lui-même n’est pas d’abord la communication par voie surnaturelle d’un ensemble de vérités en vue d’enrichir notre savoir.  Elle est offre de relation et invite à une réponse.  Désormais, Dieu et l’homme prennent le risque de la parole.  L’homme a le droit de parler, d’interroger, de se défendre.

Le seul fait que Dieu se révèle, qu’il porte attention aux hommes tout en restant transcendant, le fait qu’il « reste lui-même » tout en s’engageant dans les avatars de l’histoire des hommes, tout cela s’oppose totalement à la conception grecque, où l’Être suprême ignore jusqu’à l’existence de ce qui est au-dessous de lui.   Le Dieu des rencontres bibliques est une personne avec laquelle s’insinuent des réciprocités de parole qui s’appellent grâce et don, appel et obéissance, vocation et invocation, don et accueil.  Dieu comme personne se circonscrit à distance de l’homme pour se manifester à lui par une décision libre.  Nous accédons à sa connaissance par la médiation des signes qu’il donne de lui-même.

La Révélation est une manifestation que Dieu fait lui-même de lui-même non seulement dans le contenu des paroles qu’elle comporte  —  dans ce qu’elle dit au sujet de Dieu  —, mais aussi dans son déroulement même, dans sa forme.  Dieu nous apparaît comme celui qui ne se révèle pas par l’intermédiaire d’un tiers comme s’il voulait marquer les distances, mais il se révèle lui-même par lui-même.

Histoire Sainte

Les écrivains bibliques ne sont pas de purs esprits ! Leurs maisons les façonnent, leur époque les habite et leur caractère les singularise.

Si durables que puisse être leur témoignage sur la proximité de Dieu, ce témoignage passe par les méandres d’une histoire, qu’ils contribuent souvent à forger. Il ne saurait en être autrement, puisque nous avons affaire à des humains. Par contre, il est beaucoup moins « naturel », que Dieu, « Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible », se dise et surtout se livre à travers une histoire. « Abram ! pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. »  C’est en chemin — littéralement chemin faisant — qu’Abraham rencontre Yahvé, ou plus exactement : que Yahvé rencontre Abraham. Et cette rencontre va le « mettre en route ». Dieu vient et passe par l’histoire : l’histoire d’Abraham, l’histoire des prophètes, l’histoire de Jésus, mon histoire… Puisse ce constat tellement banal en apparence nous distiller cette goutte d’étonnement sans lequel il n’est pas d’accès à la grandeur (et à la vérité) de Dieu.

La grâce  —  unique  —  d’Israël est d’avoir été le seul, parmi tous les peuples de la terre, à avoir pu et su reconnaître que le Seigneur unique et invisible, le Dieu ineffable et incomparable, se révèle par l’histoire. Et qui plus est, par l’histoire très quotidienne d’hommes du Proche-Orient. Alors que les peuples avoisinants n’ont trouvé le divin que dans la seule nature, régie par une fatalité implacable, Israël refuse le cycle infernal de l’éternel recommencement. L’histoire est pour lui un monde naturel et un cours du temps ressaisis et conduits par une volonté supérieure. Parce que l’homme biblique croit en Dieu, il reconnaît partout sa trace et son oeuvre. Pour lui, les réalités historiques sont révélatrices des intentions de Dieu. Par conséquent l’« événement » retient toute son attention, car Dieu s’y manifeste et surtout, comme nous le verrons, s’y engage en faveur de son peuple élu.

Pour un hébreu, ce n’est pas d’abord la nature qui révèle Dieu, mais bien l’histoire humaine. Mais que l’on se garde ici d’une grave méprise : pour l’homme de la Bible l’histoire ne permet aucune emprise sur Dieu. L’histoire ne peut réduire, cerner ou enfermer Dieu. Elle peut pourtant réellement le faire connaître, parce que non seulement Dieu dit ce qu’il fait, mais encore Dieu fait ce qu’il dit. Cela ne veut pas dire que cette histoire ne soit également une histoire humaine, une histoire explicable par des facteurs humains, obéissant aux lois normales du monde et de l’humanité. En cela, elle est semblable à toutes les autres. Mais, dans le cas d’Israël, Dieu a dit ce qu’il faisait et révélé le sens de sa conduite, c’est-à-dire qu’il a parlé.

L’histoire d’Israël a cette particularité d’être à la fois une histoire visible, faite d’événements repérables et observables, susceptible d’être racontée, vérifiée, contrôlée, relevant comme toutes les histoires de la critique et du jugement historique, et simultanément une histoire « sainte ». Cette « sainteté » de l’histoire d’Israël ne signifie nullement une histoire plus belle ou plus édifiante que celle des autres peuples, mais il s’agit d’une histoire dont Dieu seul peut révéler le secret, parce que c’est lui qui l’a faite. De là vient que, dans la Torah israélite, la partie historique tienne autant de place que la partie législative; de là vient que, dans la Bible, l’histoire soit aussi immédiatement perçue comme parole de Dieu que la prophétie ou la loi.

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