Pourquoi un carême ?

Prendre avec Jésus le chemin de Pâques

Nous entrons en carême avec le mercredi des Cendres.  40 jours où nous voulons revenir vers Dieu  de tout notre cœur, en ravivant en nous la grâce de notre baptême. Jésus nous fait  cette invitation: « Si vous voulez vivre comme des justes…(Mt 6 ,1-1) »

Nous entrons en carême par cet appel : si nous le voulons bien, si nous voulons prendre le chemin du Christ, prendre avec lui le chemin de Pâques. Le Christ propose, il n’impose rien. Il  appelle, il invite à le suivre. Il en indique l’heureux aboutissement final mais, connaissant les exigences, il ne s’impose pas.

Nous voici invités à entrer librement en carême au nom même de notre amour pour le Christ et pour être « justes » devant le Père, être ajustés à sa volonté.

Le deuxième appel  du carême (aumône, prière, jeune) est  à vivre l’essentiel dans le secret du cœur. A priori cela semble s’opposer à la mobilisation des chrétiens en ce temps de carême : actions de solidarités en tous genres, campagne de partage, rendez-vous de prières plus fréquents, témoignages …Jésus précisément nous met en garde : toutes ces actions de carême sont bonnes et nécessaires, tous ces efforts pour motiver et revitaliser nos communautés sont indispensables, toutes nos propositions de rencontre et de prières sont enrichissantes. Mais à travers tout cela, l’essentiel ne doit pas être perdu de vue.

Le carême est bien sûr un temps communautaire. Mais il est aussi un chemin personnel de conversion, une occasion de retrouver un réel face-à-face avec Dieu. Jésus qui s’adressait d’abord collectivement à ses disciples (« vous »), passe à la deuxième personne du singulier : «ainsi quand tu fais l’aumône…Mais …toi…». Chacun de nous est personnellement interpellé. Dans cet appel du Christ, se fonde, par exemple, la possibilité d’une relecture personnelle de notre vie au cours de ces semaines. En tout cas, la nécessité de répondre personnellement à cette offre du salut.

Les 4 « P » (prière, pardon, se priver, partage) sont connus par notre communauté. Voici revenu le temps de l’aumône, de la prière et du jeune… Cela signifie : partage avec les plus démunis, temps de passer avec Dieu, veiller à la discipline de notre propre vie…Mais n’est-il pas nécessaire de nous le redire ? Les actions de solidarités nous y entrons assez spontanément au cours de ce temps de carême. Le temps gratuit avec Dieu, c’est déjà plus difficile, tant nous nous laissons happer par les multiples occupations du quotidien. Quant à l’hygiène de notre vie, quels soins en prenons- nous ? Ce carême ne s’offre-t-il pas à nous comme une chance de retrouver l’essentiel, et y découvrir la source du vrai bonheur ? Dans le secret, demandons cette grâce de l’essentiel.

« Il s’est fait pauvre pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » 2Co 8,9. Tel est le thème du message du Pape François pour ce carême 2014. Il rappelle que Dieu a envoyé son Fils dans le monde afin que nous vivions par lui (1Jn 4,9). En effet, tout ce qui est germe de vie, d’une vie pleine et bonne s’inscrit dans le sillage  du ressuscité. Chaque  geste  passeur  de vie, greffé en Christ, rayonne d’une lumière pascale. C’est cette vie que nous devons porter à nos frères assaillis par les différentes misères que le pape François nous demande de guérir. Le Saint Père  dénonce trois sortes de misères : la misère matérielle, la misère morale et la misère spirituelle. La première touche ceux qui vivent dans des conditions indignes de la personne humaine. Face à cette misère l’Eglise offre son service, sa « diaconie » pour aller au devant des besoins et guérir ces plaies qui défigurent le visage de l’humanité. La misère morale « consiste à devenir esclaves du vice et du péché. Cette forme de misère, qui est aussi la cause de la ruine économique, est toujours liée à la misère spirituelle qui nous touche lorsque nous nous éloignons de Dieu et que nous refusons son amour. »